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HEAVY MENTAL, Hazam Modof
March, Friday 16th 2012
DDJ / Everybody Happy ?
 
'' Alors, tout le monde il est content ? Avec un titre d’album comme ça – Everybody Happy ? – et avec sa pochette très gay friendly – un bonitos sur fond rose et encore, je ne vous ai pas parlé de l’intérieur du livret qui décline toutes les couleurs de l’arc-en-ciel –, le deuxième album de DDJ ne veut pourtant tromper personne. D c’est pour Benjamin Dousteyssier (saxophone baryton), D c’est aussi pour Julien Desprez (guitare vraiment très électrique) et le J c’est pour Yann Joussein (batterie). Un trio qui, pour faire simple, oscille entre free jazz et noise rock. Encore un me direz-vous. Sauf que l’on s’intéresse là réellement au haut du panier et ce n’est pas ma faute si en ce moment les jeunes formations inventives et dépoussiérant les vieux idiomes – et les vieux idiots – semblent pulluler.
 
Originaires de Paris, ces trois garçons ont donc une vision aussi précise que personnelle de leur musique. Pour cela ils bénéficient de certains atouts que l’on ne rencontre pas tous les jours : l’utilisation (réussie) d’un saxophone baryton, un batteur très dynamique – il joue également dans Heretic Chaos, un groupe noise/metal du pauvre parodique, excessif et vraiment très drôle – et un guitariste dont on pense certains jours qu’il est sans doute une perle rare. Trois musiciens accomplis donc, sachant se servir de l’électricité (même le saxophone baryton est repiqué) et débordant d’enthousiasme, de créativité et d’idées. On pense entre autres à ces drôles de passages très composés où chaque mesure semble être d’une durée différente de la précédente, toute ressemblance avec un groupe de metal expé d’origine suédoise n’est pas si fortuite que cela, on pense également aux envolées très free pendant lesquelles saxophone et guitare électrique montent en flèche en un même mouvement ascendant et explosif.
 
Avec DDJ l’auditeur en prend pour son grade tout comme il se délecte : si le trio peut à juste titre être considéré comme un vrai groupe de free jazz, il fait également partie comme on l’a déjà affirmé de toute une mouvance qui sait aller voir ailleurs et se nourrir d’autres influences sans tomber dans les affres de la fusion artificielle et sûrement pas naturelle des genres (ou ayant l’air de l’être). Aux côtés de DDJ on compte ainsi Kouma mais également Q, IRèNe, les regrettés Kandinsky ou les Lunatic Toys (ces derniers étant un rare exemple de groupe s’inspirant de la mélodicité et de l’entrain communicatif de la musique pop). Ce n’est pas un hasard si tous ces groupes partagent parfois quelques membres en communs. Ce n’est pas un hasard non plus si les inspirations extérieurs proviennent à la fois de musiques dures ou plutôt expérimentales.
 
L’écoute d’Everybody Happy ? révèle toutefois certains aspects autres de DDJ, des choses que l’intensité des concerts ne permet pas toujours d’appréhender pleinement. D’abord on goûte encore plus au jeu de Benjamin Dousteyssier et à la beauté du son de son saxophone baryton. Sûrement parce que la nature de l’enregistrement et du mixage permet à la guitare de lui laisser un peu plus de place. Ainsi DDJ apparait sur disque comme un trio nettement plus équilibré. Equilibré et variant les atmosphères : Happyness est un titre presque ambiant alors que le début de Peace s’attache aux sons imperceptibles, frottements, grincements – certes avant de replonger dans une freeture bouillonnante. Sur Rose Des Bois, le saxophoniste invité Mathieu Garrouste donne une couleur un peu plus conventionnelle au free de DDJ mais n’enlève en rien cette impression d’avoir découvert un groupe qui tente de faire les choses autrement. ''
Everybody Happy ? est publié en CD par Coax records.


SUN SHIP, Franpi
26 février 2012
DDJ - Everybody Happy ?
Membres du Coax Collectif au même titre que Radiation 10 dont nous allons reparler très vite, le trio DDJ (pour le saxophoniste Benjamin Dousteyssier, le guitariste Julien Desprez et le batteur Yann Joussein) est l'un des power trio précurseur de cette vague française qui a de nouveau pris de son ampleur à la fin de la décennie précédente. On avait évoqué il y a quelques années leur premier album, et c'est avec un grand plaisir que Everybody Happy ?, disponible sur le site du Coax Collectif, tourne depuis quelques semaines dans la platine.
Après plusieurs aventures personnelles chacun de leur côté, il est intéressant de voir ce qu'est devenu la force de frappe du trio. Entre ce premier album et Everybody Happy ?, Joussein a sorti un solo de batterie radical et personnel, et surtout, de Q à Linnake et passant par Irène, Julien Desprez est devenu l'un des guitariste les plus intéressant de sa génération, développant un jeu entre bruitisme et urgence absolument remarquable.

Le retour au source du trio n'en est que meilleur. Everybody Happy ?, son smiley sur fond rose et son point d'interrogation nous plonge dès "Intro" dans un univers fracassant fait de déchirures électriques et de brulantes cassures. Le point d'interrogation n'est pas de trop ; dans cet univers de métal ou une cohésion s'organise dans le chaos, on est sans cesse entre jouissance et destabilisation, entre puissance et stupeur, ballotés par la force de frappe incroyable de ces trois là (voir le tonitruant "Liebe" et le solo de batterie final de Joussein, qui donne comme une route à suivre dans ce déluge...). Everybody Happy ? De rage joyeuse, alors !

DDJ nous offre la même perturbation, le même uppercut que dans leur précédent disque, mais avec plus de relief et plus de détails... Plus de maturité, c'est évident. Ainsi, dans "Amok", le métal intransigeant se rougit de funk et lance un groove très urbain... Celui d'une ville en ruine, d'une ville nue qui se relèverait d'un bloc.

Entre les déchirures du sax baryton de Dousteyssier et les éruptions presque sensuelles de la guitare, qui forment un tourbillon qui aspire tout sur son passage, il y a parfois des pauses, de moments de concorde qui annoncent de nouveaux déluges. "Happyness", au centre de l'album est un temps suspendu qui dégouline d'électricité et fait songer aux atmosphères chères à Q... Pour mieux éclater d'une rage vibrionnante dans "Beef" qui lui fait suite, ou Desprez est absolument impressionnant de puissance.
DDJ est un groupe radical et leur nouveau disque, comme le précédent, est absolument sans concession. C'est même pour ça qu'on les aime !







 

JAZZMAG


December 2008